Isabelle, Présidente de la Coopérative Funéraire de Rennes

Isabelle, Présidente de la Coopérative Funéraire de Rennes

Le témoignage d’Isabelle Georges, co-fondatrice et Présidente de la Coopérative Funéraire de Rennes lancée en 2019. Personnalité engagée et attachante, Isabelle nous décrit son parcours et ce qui l’a amenée à lancer ce projet solidaire. À l’instar d’autres initiatives en France, la Coopérative de Rennes a pour simple ambition de proposer une offre alternative en matière d’organisation de funérailles et aussi de remettre “la mort au cœur de la cité”.

Qui es-tu ?

Pas facile de répondre à cette question. D’un angle de vue professionnel, je travaille depuis toujours dans des projets de mise en lien.

D’abord, j’ai exercé pendant presque 10 ans en tant que directrice d’une structure de développement local dont l’objectif était de favoriser l’implication des entreprises, associations, élus, et habitants pour leur permettre d’être véritablement acteurs, ensemble, du développement de leur territoire.

Ensuite, pendant 10 autres années j’ai dirigé un groupement d’employeurs dont l’objectif était de mettre en lien des employeurs pour créer des emplois partagés dans l’intérêt commun des salariés et des entreprises. Et puis le hasard m’a fait aller vers les coopératives funéraires.

Isabelle George

Qu’est ce qui te décide à t’investir dans ce projet ?

D’abord une rencontre avec le directeur de la coopérative funéraire de Québec à l’occasion d’un voyage d’étude avec des dirigeants d’entreprises rennaises il y a plus de 10 ans : la découverte du concept de coopérative funéraire avec ce grand Monsieur qu’est Gary Lavoie.

Coopérative Funéraire de Rennes

Puis 4 ans après en France, la découverte du secteur funéraire français avec le décès d’un proche. Un choc ! Une agence, froide, sombre, remplie de tombes, plaques, et de fleurs en plastique, un monsieur derrière son ordi qui avait l’air plus triste que moi. Et c’est à ce moment-là que m’est revenu en tête la rencontre avec la coopérative funéraire de Québec quelques années avant. Rien de mieux que l’expérience utilisateur… Même si on préfèrerait ne jamais faire l’expérience des décès de proches. C’est je crois, à ce moment-là qu’a germé l’idée d’imaginer une autre manière d’accompagner les familles en France.

Comment progresse la coopérative après ces 3 années ?

La coopérative a ouvert ses portes il y a 3 ans. Plus de 400 personnes ont rejoint l’aventure en devenant sociétaires. Ces 400 personnes ont pris au moins une part sociale de 20 € et participent à la définition des orientations de l’entreprise.
La coopérative a accompagné près de 300 familles depuis son ouverture dans l’organisation des obsèques. La coopérative s’installe progressivement dans le paysage rennais.

Coopérative Funéraire de Rennes

Tu es allée jusqu’à la source, au Canada pour comprendre le fonctionnement ?

Le hasard a fait que l’année suivante mon conjoint avait une proposition de collaboration avec un organisme de recherche au Canada. Alors zou, j’ai contacté la coopérative funéraire de Québec qui a accepté que je vienne travailler chez eux durant cette année d’expatriation. Je me suis retrouvée au cœur de cette magnifique coopérative funéraire de Québec.

Je suis revenue en France fin 2017 avec un désir de fonder une coopérative funéraire à Rennes. Durant mon séjour au Québec, une femme avait eu la même idée et a créé à Nantes en 2016 la 1ère coopérative funéraire en France.

Passage des diplômes requis pour exercer dans le funéraire, accueil dans un incubateur génial, Tag 35, d’entreprises coopératives, accompagnement par la coopérative funéraire de Nantes, création d’un collectif de 15 personnes… L’aventure de la coopérative funéraire de Rennes pouvait commencer ! La coop a ouvert ses portes à Rennes en janvier 2020.

Coopérative Funéraire de Rennes

Comment cela fonctionne ?

La coopérative a deux activités. Tout d’abord, nous sommes une entreprise de pompes funèbres. Nous organisons les funérailles dans leur intégralité (transport/toilettes ou soins/salon/vente cercueils, préparation cérémonie, avis obsèques). Il n’y aucune obligation d’être sociétaire pour être accompagné par la coopérative dans l’organisation des obsèques. La coopérative accompagne de la même manière les membres et non membres, en revanche, la différence coopérative est réelle.

Les familles sont les propriétaires de l’entreprise. L’objectif est que les familles reprennent le pouvoir dans l’organisation des obsèques. La première marche est l’accès à l’information. Nous concevons des outils pédagogiques pour que les personnes fassent des choix éclairés. Qu’ils sachent ce qui est obligatoire ou non et connaissance des coûts correspondants.

Elicci musique obsèques
Coopérative Funéraire de Rennes

La deuxième marche est de prendre le temps de l’écoute. Ecouter, comprendre qui est le/la défunt(e), l’entourage, et bâtir l’accompagnement en fonction des personnes. Pas de standardisation, ouvrir les possibles, c’est ce qui nous anime au quotidien. Nous sommes convaincus que ce n’est pas le nombre d’articles vendus qui fait la beauté des funérailles mais davantage le sens que l’on y met.

La coopérative a également comme seconde activité de remettre la question de la mort dans la cité. La coopérative dispose d’une équipe de 3 conseillers funéraires diplômés, salariés. Tous les 2 mois, le conseil d’administration composé de 15 sociétaires élus par l’assemblée générale assurent le suivi de la coopérative et prennent les décisions stratégiques de la coopérative. Et annuellement, la coopérative réunit tous ses membres en assemblée générale pour la présentation de son activité, ses comptes annuels, ses orientations un peu comme une association.

Quel est le profil des familles qui se tournent vers vous ?

Au départ, les personnes qui se sont adressées à la coopérative étaient les personnes proches du milieu coopératif et de l’économie sociale et solidaire. Les habitants du quartier ont également poussé la porte. Puis progressivement le bouche à oreille a fait son œuvre. Aujourd’hui, des profils variés à la coopérative. Nous n’avons pas la force de frappe de communication des grands groupes du funéraire. Mais nous avons la force du collectif et des témoignages. Notre page témoignage est d’ailleurs très consultée.

Nous accompagnons aujourd’hui tout type de familles sur tout type de funérailles (inhumations/crémations, cérémonies civiles et religieuses…)

Coopérative Funéraire de Rennes

“Remettre la mort au sein de la cité”, en quoi cela consiste ?

La coopérative a également comme seconde activité de remettre la question de la mort dans la cité. Dans cette perspective, nous organisons avec nos sociétaires des temps d’information dans les bistrots : des cafés mortels (imaginés par Bernard Crétaz). Concrètement, nous faisons venir des intervenants (psychiatres, thanatopracteur, directeur de crématorium, conteurs, auteurs de BD…) qui vont parler de la mort sous un certain angle et répondre aux questions de l’assistance.

Les intervenants ne sont pas rémunérés et l’accès est totalement libre et gratuit. Nous aimons l’idée de parler du sujet de la mort dans une cadre convivial autour d’un verre. Nous avons organisé 17 cafés mortels depuis notre création : pour en savoir davantage c’est ici : https://www.lacoopfunerairederennes.fr/cafes-mortels/

Coopérative Funéraire de Rennes

Quel est l’accueil de la population et des acteurs de la filière (funéraire) ?

Nous avons monté ce projet collectif d’entreprise coopérative de pompes funèbres afin que les citoyens puissent reprendre le pouvoir dans l’organisation des obsèques et proposer une alternative aux grands groupes du funéraire qui appartiennent à des fonds de pensions ou à des acteurs financiers.

La concentration économique du secteur (le fait qu’un secteur soit aux mains de quelques acteurs majeurs)  se fait rarement  au profit des consommateurs. C’est le modèle économique de ces acteurs qui nous pose question. En revanche, nous respectons les personnes qui y travaillent. Nous sommes amenés à travailler avec tous les acteurs du funéraire. Et les collaborations se déroulent dans de bonnes conditions. 

Coopérative Funéraire de Rennes

Nous avons fait le choix de privilégier des entreprises locales indépendantes pour nos fournisseurs. Nous défendons aussi le principe de funérailles plus respectueuses de l’environnement. Pour cela nous privilégions les fournisseurs locaux de cercueils, d’urnes. Et nous rappelons aux familles qu’elles peuvent apporter des éléments qui leur appartiennent comme par exemple des tissus en guise de capitons, des carnets au lieu des registres de condoléances… 

Avec un peu de recul, on se souvient que nos concurrents paraissaient dubitatifs et interrogatifs sur notre modèle coopératif. Aujourd’hui, nous avons pu faire la preuve de notre professionnalisme auprès de tous nos partenaires. Mais surtout nous avons démontré que nous étions au bon endroit en matière d’accompagnement des familles… tout simplement parce que nous sommes précisément à l’endroit demandé par les familles.  

Lire aussi : La coopérative funéraire : une inspiration venue du Québec et Café Mortel : Explorer la Mort en toute convivialité

Qui es-tu ?

Pas facile de répondre à cette question. D’un angle de vue professionnel, je travaille depuis toujours dans des projets de mise en lien.

D’abord, j’ai exercé pendant presque 10 ans en tant que directrice d’une structure de développement local dont l’objectif était de favoriser l’implication des entreprises, associations, élus, et habitants pour leur permettre d’être véritablement acteurs, ensemble, du développement de leur territoire.

Isabelle George

Ensuite, pendant 10 autres années j’ai dirigé un groupement d’employeurs dont l’objectif était de mettre en lien des employeurs pour créer des emplois partagés dans l’intérêt commun des salariés et des entreprises. Et puis le hasard m’a fait aller vers les coopératives funéraires.

Qu’est ce qui te décide à t’investir dans ce projet ?

D’abord une rencontre avec le directeur de la coopérative funéraire de Québec à l’occasion d’un voyage d’étude avec des dirigeants d’entreprises rennaises il y a plus de 10 ans : la découverte du concept de coopérative funéraire avec ce grand Monsieur qu’est Gary Lavoie.

Coopérative Funéraire de Rennes

Puis 4 ans après en France, la découverte du secteur funéraire français avec le décès d’un proche. Un choc ! Une agence, froide, sombre, remplie de tombes, plaques, et de fleurs en plastique, un monsieur derrière son ordi qui avait l’air plus triste que moi. Et c’est à ce moment-là que m’est revenu en tête la rencontre avec la coopérative funéraire de Québec quelques années avant. Rien de mieux que l’expérience utilisateur… Même si on préfèrerait ne jamais faire l’expérience des décès de proches. C’est je crois, à ce moment-là qu’a germé l’idée d’imaginer une autre manière d’accompagner les familles en France.

Comment progresse la coopérative après ces 3 années ?

La coopérative a ouvert ses portes il y a 3 ans. Plus de 400 personnes ont rejoint l’aventure en devenant sociétaires. Ces 400 personnes ont pris au moins une part sociale de 20 € et participent à la définition des orientations de l’entreprise.
La coopérative a accompagné près de 300 familles depuis son ouverture dans l’organisation des obsèques. La coopérative s’installe progressivement dans le paysage rennais.

Coopérative Funéraire de Rennes

Tu es allée jusqu’à la source, au Canada pour comprendre le fonctionnement ?

Le hasard a fait que l’année suivante mon conjoint avait une proposition de collaboration avec un organisme de recherche au Canada. Alors zou, j’ai contacté la coopérative funéraire de Québec qui a accepté que je vienne travailler chez eux durant cette année d’expatriation. Je me suis retrouvée au cœur de cette magnifique coopérative funéraire de Québec.

Coopérative Funéraire de Rennes

Je suis revenue en France fin 2017 avec un désir de fonder une coopérative funéraire à Rennes. Durant mon séjour au Québec, une femme avait eu la même idée et a créé à Nantes en 2016 la 1ère coopérative funéraire en France.

Passage des diplômes requis pour exercer dans le funéraire, accueil dans un incubateur génial, Tag 35, d’entreprises coopératives, accompagnement par la coopérative funéraire de Nantes, création d’un collectif de 15 personnes… L’aventure de la coopérative funéraire de Rennes pouvait commencer ! La coop a ouvert ses portes à Rennes en janvier 2020.

Comment cela fonctionne ?

La coopérative a deux activités. Tout d’abord, nous sommes une entreprise de pompes funèbres. Nous organisons les funérailles dans leur intégralité (transport/toilettes ou soins/salon/vente cercueils, préparation cérémonie, avis obsèques). Il n’y aucune obligation d’être sociétaire pour être accompagné par la coopérative dans l’organisation des obsèques. La coopérative accompagne de la même manière les membres et non membres, en revanche, la différence coopérative est réelle.

Elicci musique obsèques

Les familles sont les propriétaires de l’entreprise. L’objectif est que les familles reprennent le pouvoir dans l’organisation des obsèques. La première marche est l’accès à l’information. Nous concevons des outils pédagogiques pour que les personnes fassent des choix éclairés. Qu’ils sachent ce qui est obligatoire ou non et connaissance des coûts correspondants.

La deuxième marche est de prendre le temps de l’écoute. Ecouter, comprendre qui est le/la défunt(e), l’entourage, et bâtir l’accompagnement en fonction des personnes. Pas de standardisation, ouvrir les possibles, c’est ce qui nous anime au quotidien. Nous sommes convaincus que ce n’est pas le nombre d’articles vendus qui fait la beauté des funérailles mais davantage le sens que l’on y met.

Coopérative Funéraire de Rennes

La coopérative a également comme seconde activité de remettre la question de la mort dans la cité. La coopérative dispose d’une équipe de 3 conseillers funéraires diplômés, salariés. Tous les 2 mois, le conseil d’administration composé de 15 sociétaires élus par l’assemblée générale assurent le suivi de la coopérative et prennent les décisions stratégiques de la coopérative. Et annuellement, la coopérative réunit tous ses membres en assemblée générale pour la présentation de son activité, ses comptes annuels, ses orientations un peu comme une association.

Quel est le profil des familles qui se tournent vers vous ?

Au départ, les personnes qui se sont adressées à la coopérative étaient les personnes proches du milieu coopératif et de l’économie sociale et solidaire. Les habitants du quartier ont également poussé la porte. Puis progressivement le bouche à oreille a fait son œuvre. Aujourd’hui, des profils variés à la coopérative. Nous n’avons pas la force de frappe de communication des grands groupes du funéraire. Mais nous avons la force du collectif et des témoignages. Notre page témoignage est d’ailleurs très consultée.

Nous accompagnons aujourd’hui tout type de familles sur tout type de funérailles (inhumations/crémations, cérémonies civiles et religieuses…)

Coopérative Funéraire de Rennes

“Remettre la mort au sein de la cité”, en quoi cela consiste ?

La coopérative a également comme seconde activité de remettre la question de la mort dans la cité. Dans cette perspective, nous organisons avec nos sociétaires des temps d’information dans les bistrots : des cafés mortels (imaginés par Bernard Crétaz). Concrètement, nous faisons venir des intervenants (psychiatres, thanatopracteur, directeur de crématorium, conteurs, auteurs de BD…) qui vont parler de la mort sous un certain angle et répondre aux questions de l’assistance.

Coopérative Funéraire de Rennes

Les intervenants ne sont pas rémunérés et l’accès est totalement libre et gratuit. Nous aimons l’idée de parler du sujet de la mort dans une cadre convivial autour d’un verre. Nous avons organisé 17 cafés mortels depuis notre création : pour en savoir davantage c’est ici : https://www.lacoopfunerairederennes.fr/cafes-mortels/

Quel est l’accueil de la population et des acteurs de la filière (funéraire) ?

Nous avons monté ce projet collectif d’entreprise coopérative de pompes funèbres afin que les citoyens puissent reprendre le pouvoir dans l’organisation des obsèques et proposer une alternative aux grands groupes du funéraire qui appartiennent à des fonds de pensions ou à des acteurs financiers.

La concentration économique du secteur (le fait qu’un secteur soit aux mains de quelques acteurs majeurs)  se fait rarement  au profit des consommateurs. C’est le modèle économique de ces acteurs qui nous pose question. En revanche, nous respectons les personnes qui y travaillent. Nous sommes amenés à travailler avec tous les acteurs du funéraire. Et les collaborations se déroulent dans de bonnes conditions. 

Coopérative Funéraire de Rennes

Nous avons fait le choix de privilégier des entreprises locales indépendantes pour nos fournisseurs. Nous défendons aussi le principe de funérailles plus respectueuses de l’environnement. Pour cela nous privilégions les fournisseurs locaux de cercueils, d’urnes. Et nous rappelons aux familles qu’elles peuvent apporter des éléments qui leur appartiennent comme par exemple des tissus en guise de capitons, des carnets au lieu des registres de condoléances… 

Avec un peu de recul, on se souvient que nos concurrents paraissaient dubitatifs et interrogatifs sur notre modèle coopératif. Aujourd’hui, nous avons pu faire la preuve de notre professionnalisme auprès de tous nos partenaires. Mais surtout nous avons démontré que nous étions au bon endroit en matière d’accompagnement des familles… tout simplement parce que nous sommes précisément à l’endroit demandé par les familles.  

Lire aussi : La coopérative funéraire : une inspiration venue du Québec et Café Mortel : Explorer la Mort en toute convivialité

Anne-Sophie Roturier
Anne-Sophie Roturier

Infirmière, Anne-Sophie a cofondé la première cagnotte en ligne dédiée exclusivement aux familles impactées financièrement par une maladie, un handicap, un accident de la vie ou un décès.

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